La peinture est tout comme le dessin et la gravure le lieu de recherche d’expression et aussi de techniques. Car la technique détermine l’expression et inversément l’expression sollicite des techniques différentes selon ce qui est recherché. Ainsi l’acrylique peut se mettre au service d’une expression rapide et spontanée, alors que l’huile soutient un travail sur le plus long terme, avec des retours possibles .
1.Des séries récentes.
-a. »Les contes de Kostine »
Cette série de peintures, principalement exécutées au crayon, à l’encre et à l’acrylique, et de format moyen, est inspirée des photos du reporter Igor Kostine dans « Confessions d’un reporter ». Une série de photos prises sur le site après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986. Les photos, atteintes par les radiations donnent au tirage des images déjà piquetées, atteintes déjà dans leur nature même. Elles « content » ces personnes envoyées au front nucléaire, pour « nettoyer » le site.Derrière tous ces masques il y a des personnes anonymes qui à travers le témoignage de I.Kostine, racontent l’événement. Ce sont des contes, qui n’ont rien de féérique, certes mais qui furent pour moi une source d’inspiration de 2017 à 2018, tant par le sujet que par la qualité et la « matière » des images. Les titres donnés à la toile, ou l’ ajout d’un élément transforment et ouvrent la vision de l’image


















-b. » La route » et » Les assis »
C’est depuis septembre 2019 que je travaille autour de cette thématique.
- « La route »
Des personnes qui marchent…
D’où viennent-elles, où vont-elles ?
Quelle est leur histoire ?
Elles ont tous les âges, tous les sexes, tous les habillements, elles sont parfois à 2, à 3 ou plus mais elles sont essentiellement seules, et cette solitude est accentuée par le » non-décor » qu’est le noir mat du fond de la toile, qui ne permet en aucune façon de les situer, de leur donner un indice quelconque concernant leur identité, leur provenance, leur époque.
L’ humanité est de tous temps traversée de récits de voyages, de migrations….Des personnes ont mené des guerres, les ont subies, les ont fuies.Toutes ces personnes, passées, d’aujourd’hui, ou à venir se croisent dans un espace-temps qui interroge.
Le déclencheur de ce travail est une série d’images suscitées par la lecture de « La route « de Cormack Mc Carthy. Je vis clairement au cours de la lecture toutes ces personnes et ces lieux teintés exclusivement de gris et de noir. L écriture très simple en apparence de Cormack Mac Carthy traduit en mots sobres les situations vécues par l’homme et son enfant dans un monde dévasté, mais cette écriture simple en apparence suscita en moi des tas d’images, resurgissant épisodiquement par la suite.
Et aussi bien sûr comme une toile tissée depuis des années dans les médias, les images des migrations qui traversent notre planète aujourd’hui.
Il me fallait parler d’eux et d’elles. D’un point de vue pictural, cette série s’inscrit dans une recherche sur fond noir » Oeuvres au noir » ( voir plus loin) produite alors essentiellement sur papier 50×50 et entamée début 2019.

















– » Les assis »
Le thème se situe en parallèle et consécutivement à la série » La route ». Un fond noir, et des personnes assises. Le format est le plus souvent 50×50 et le support le papier.
2.Les moyens d’expression.
-a.« Oeuvres au noir »
C’est une démarche entamée début 2019 et qui s’inscrit dans la recherche par rapport au blanc et au noir. L’idée fut d’inverser la procédure classique, à savoir le trait noir sur le fond blanc, en utilisant à présent le noir comme fond. Le dessin et les nuances se font donc à partir du blanc. Les oeuvres au noir se déclinent en format 50×50 sur papier 350 grs.
























Elles sont parfois l’ébauche d’une toile ou au contraire la version » oeuvre au noir » de toiles existantes






En 2020, « Oeuvre au noir » 50×50 de la toile » Jeux d’hiver » ( Contes de Kostine »)de 2017- 68×72 cm


Cette envie se trouvait déjà dans » Le chanteur noir « dès 2016.



-b.« Rêver-L’imaginaire »
Se laisser aller aux imprévus de la toile, du papier, des images environnantes, de la musique que l’on écoute, de ses illusions et associations d’idées……Cela peut aussi faire partie de mon travail

… »Et l’entrée de ce parc sur la droite…terre inconnue, je n’y suis jamais encore allée…un seuil de plus à franchir…il y a quoi derrière? (Quand on est petit, le moindre seuil revêt une importance unique…)Derrière, c’est autre chose, l’inconnu, le terrible….et ce terrible, je peux le voir aujourd’hui…plus rien ne m’empêche de le voir, de le traquer….je veux le fuir, ou non pas le fuir mais pouvoir l’aménager…y regarder de plus près pour me rendre compte que cet univers est en réalité nul autre que ce qu’il est…là est le leurre….
Les choses sont telles qu’elles sont…décollement de la réalité….tenter de coller à tout prix le rêvé au concret…discours d’odeurs, d’atmosphères…floutter….refaire le point….J’ai l’odeur, les rythmes des choses…J’ai l’odeur, les rythmes des choses…l’électricité….l’atmosphère…. » Chloé Winkel-« Coupe au carré »
Ou une autre manière d’illustrer ma démarche « Rêver – L’imaginaire »: » Le sapin bleu »- Joëlle Desmarets
» Ce livre ne raconte pas d’histoire. L’histoire n’a aucune vérité absolue, elle est écrite en des termes très différents selon les auteurs qui veulent la retracer.( …..)Le regard de chacun sur l’événement et ses apparitions sera différent, (… ) peut-être même l’événement n’existera plus pour l’un alors qu’il est primordial pour l’autre. Le regard et la parole écriront ou gommeront les événements qui pourtant ont tous bien eu lieu. »
C’est pourquoi j’ai choisi la forme d’écriture qui est la mienne dans ce recueil de peintures qui est ma manière. Du vide absolu, surgissent progressivement des blancs, des gris, des couleurs par effacements et grattages qui vont composer une image. L’image surgit du vide comme elle surgit de la mémoire(…..)
Et l’image est diverse parce qu’elle nous parle de lieux, objets et acteurs différents, et qu’elle-même a une histoire qui lui est propre, l’histoire de sa lente émergence , l’histoire de sa naissance. De sorte que toutes ces images nous parlent de la même chose, de la vie en ce qu’elle a d’inconnu et d’inconnaissable. »









Les » monstres »
Depuis 2014 cette série de monstres qui émergent de la matière, des taches, des lignes, comme les images qui émergent du rideau de douche ou des rochers. Le bâton d’huile est le médium idéal pour cette recherche d’autres visages. Rechercher car traquer la « beauté cachée du laid ». J’ai choisi de les présenter dans leur contexte, mon atelier.









Archives
Récemment, un retour en arrière. Voyez à ce sujet mon article » Archives » https://wordpress.com/post/desmaretsjoelle.com/2503